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La Pile s'inscrit depuis 2018 déjà dans une démarche de sensibilisation et de mobilisation qui défie les approches habituelles à la transition énergétique et vise à ce que chacun ait la possibilité de décider et d’agir.

Les communautés d’énergie sont potentiellement un levier pour donner une place et une voix aux citoyens dans la transition, mais la condition essentielle est que ceux-ci se trouvent au cœur des prises de décisions de la communauté et que la gestion de celle-ci soit radicalement inclusive (‘no one left behind’). Pour s’en assurer, nous pensons que la participation à une gestion collective d’une communauté d’énergie ne doit pas se limiter à des réunions ou des formations, excluant une partie des habitants de nos quartiers n’ayant pas certaines ressources ou possibilités.

Chacun de nous doit avoir la possibilité d’agir, d'expérimenter, de construire, de s'approprier, de créer... par différents biais et indépendamment de nos compétences intellectuelles, financières ou de notre socialisation. La participation à une communauté dépasse le domaine de l'intellectuel, du technicien / ingénieur mais inclut les créatifs, bricoleurs, les enfants, les parents,... Si l’on veut que tout le monde puisse participer, p**asser à l’action ne devrait pas nécessiter de se détacher des pratiques de la vie quotidienne, comme c'est souvent le cas dans des approches à vocation pédagogiques/informatives/consultatives, qui ont souvent un penchant très normatif. Au contraire, nous sommes convaincus d’une approche plus connectée à la réalité des habitants, plus ancrée dans la vie locale quotidienne. Pour une participation qui se déroule dans des salles de réunion parfois, mais AUSSI dans nos rues, sur les terrains de jeux, dans les maisons de quartiers, les cafés et ce à tout moment de la journée.**

Pour ancrer la participation dans la vie quotidienne des habitants, La Pile fait appel à des dispositifs, ou objets, qui 1) contribuent à rendre l’invisible, visible 2) qui favorisent l’apprentissage collectif 3) qui incitent à l’action, par différents biais et 4) qui invitent des personnes d’horizons et avec des ressources différentes à s’associer au projet.

Nous avons appris au fil des rencontres et activités que l'utilisation de ces objets résout un certain nombre de défis :

Les grandes questions telles que la « transition énergétique » peuvent parfois être considérées comme très complexes et nébuleuses, ce qui conduit à une lassitude et démotivation importante. Les objets intermédiaires sont alors pertinents pour rendre des problèmes qui peuvent paraitre abstraits et intimidants plus concrets et moins paralysants, invitant à l’action et/ou à la remise en question.
Les objets permettent également de clarifier nos intentions et motivations. Lorsqu'il y a un déséquilibre d'information, les objets peuvent également jouer un rôle d'échange et de communication (et révéler des nœuds / tensions). Ils peuvent contribuer à créer un tissu de relations, à formuler des choix collectifs sur base de choses concrètes et aident même à répartir des rôles et des tâches.
Les objets intermédiaires, forment ainsi des réseaux et des coalitions autour de ces différentes questions, même lorsqu’elles font l’objet de tension ou de désaccord.
Les objets font en sorte que les groupes soient perçus comme légitimes, qu'ils soient reconnus ou du moins pris au sérieux (par d’autres acteurs, parties prenantes & au sein du quartier).

Ainsi, La Pile Mécanique , la proposition conceptuelle d’une installation artistico-fonctionnelle, a permis à un groupe d’habitants de se forger. L'idée de l'installation a été examinée, testée et ajustée avec des habitants, des spécialistes et autres parties intéressées dans différents contextes, du plus formel (lors d’une expo) au plus informel (autour d’un café). C’est de cette manière que des grandes questions sont posées collectivement, sans pour autant paraitre paralysantes car reposant sur un objet concret : Comment l’énergie renouvelable peut-elle ajouter de la valeur à notre quartier ? Comment cette énergie peut-elle renforcer d’autres rêves pour le quartier (et peut-être augmenter la fierté du quartier) ? Comment voulons-nous utiliser notre surplus d'énergie produite localement ? Comment utiliser au mieux l’énergie quand elle est disponible ? Ce sont toutes des questions qui naissent naturellement en regardant un simple dessin aquarelle, sans devoir s’attaquer à des concepts abstraits d’ « intermittence », de « flexibilité » ou autres.

De même, l’EXPO, même si elle avait un penchant plus « informatif », est un objet qui soulève des questions, qui matérialise des problèmes et qui invite à des collaborations. Non seulement par l’Expo elle-même mais grâce à d’autres dispositifs connectés aussi : des projections, des ateliers, des brainstorms collectifs,… qui permettent à chaque fois une porte d’entrée diverse à différents profils de visiteurs. C’est donc par le détour de ces dispositifs et objets que des motivations et idées prennent forme et s’articulent et que des groupes se réunissent et finissent par passer à l’action.

Aujourd’hui, alors que nous pouvons déjà répondre à la question : « Comment les objets permettent-ils de constituer un groupe soudé, qui se mobilise pour la transition et surtout pour le quartier? » et que deux groupes très divers sont déjà constitués, nous avons pour but de poursuivre notre approche et de continuer à inventer des objets et dispositifs permettant à un maximum d’habitants du Quartier Midi d’être impliqué dans ce qu’on appelle une communauté d’énergie intégrée, qui crée des bénéfices pour le quartier selon 4 axes (au niveau social, économique, écologique, professionel = 4 axes). Nous travaillons dans ce sens, à l’intérieur de nos différents groupes, à de nouveaux outils, permettant d’aller encore un pas plus loin dans notre organisation en tant que quartier. Certains objets sont entre autres : une carte d’itinéraire illustrée, guidant des nouveaux membres dans leur participation à la communauté, une carte de potentiel de quartier, de nouveaux dispositifs de communication,…