Expérimenter pour prendre en main l'électricité

Pourquoi "partager" de l'énergie?

« PARTAGER »

Pourquoi au fait veut-on partager de l'énergie ? C’est la discussion que nous avons eue lors de la deuxième rencontre « Sundwich » au DK. Ceux qui produisent avaient déjà fait entendre leur mécontentement lors de la réunion au Tri Postal face au constat que : « Le surplus que je produis actuellement va "dans la nature". Je le donne gratos à mon fournisseur…et est-ce qu’on veut vraiment ça ? Ce n’est pas juste. »

  • Tout d'abord, il semble il y a avoir un intérêt économique à redistribuer notre énergie produite au sein du quartier, pour faire en sorte que d’éventuels gains financiers soient produits et réinvestis dans le quartier.
  • D'autres dans le secteur social soulignent également l’intérêt social que cette redistribution pourrait offrir : « la raison pour laquelle je veux participer au partage d’énergie c’est parce que je travaille avec des publics précarisés pour qui l’accès à l’électricité est limité. Quand on est limité à 5A on se rend compte à quel point l’accès a l’électricité est essentiel. Ça devrait être un droit et pas un luxe. » Pour l’accès aux énergies vertes ce constat est d’autant plus vrai. La majorité des habitants du quartier ne sont pas propriétaires d’un toit, n’ont pas les moyens d’investir dans une installation photovoltaïque, ou n’ont pas nécessairement un toit bien orienté.

Mais alors qu’on sait qu’il y a un intérêt à partager, il y a un doute sur ce qu’il faudrait partager exactement. Est-ce qu’il faudrait partager, à un prix avantageux, l’énergie qu’on produit avec nos voisins ? Est-ce qu’il faudrait mettre librement à disposition l’énergie produite sur nos places publiques (l’image de la « fontaine énergétique ») ? Ou alors est-ce qu’on décide de revendre notre énergie à un tiers au prix plein pour ensuite mettre en commun localement les profits (à gérer comme une forme de budget participatif par exemple, au niveau du quartier) ?

« Ce qui motive c’est que ce n’est pas seulement une histoire d’énergie. On peut réellement contribuer quelque chose au quartier. On pourrait décider ensemble d’acheter des nouveaux bancs, des luminaires, etc. Il y a un bout de solidarité, un bout de social… On se met ensemble pour décider et à partir de ce moment là, ça devient un projet politique. » (Christophe, statisticien et habitant du quartier, qui a installé ses panneaux solaires cette année).

Une autre piste est celle de Berta : le surplus d’énergie, on peut l’envoyer vers une asso qui travaille avec des personnes dans le besoin, comme Doucheflux. On pourrait aussi faire un accord avec une wasserette locale ou un autre prestataire de services, comme CAMBIO (qui a à disposition des voitures électriques), à qui on pourrait distribuer nos surplus d’énergie et desquels, en échange, on recevrait des vouchers à distribuer dans le quartier, aux personnes qui en ont besoin.

Vers un projet pilote de partage?

Ces différentes pistes restent à être creusées. Entretemps nous savons qu’elles requièrent de toute façon des sources de production importantes, ainsi que des personnes motivées à intégrer un tel projet de partage.

En reconstituant une carte solaire de quartier, Pilone s'est penché sur les endroits du quartier qui possédaient une capacité importante de production (ou de production potentielle) et où un projet de redistribution pourrait être envisagé. Trois lieux ont été retenus et discutés lors des réunions au DK. Le groupe a décidé de se concentrer sur l’îlot Vlogaert dans le Quartier Midi pour commencer.

Début novembre nous avons rencontré la commune pour envisager un lieu de partage "précurseur" où une source de production communale pourrait être mise à disposition du quartier pour organiser un projet-pilote de partage. Fin novembre, nous avons également rencontré le propriétaire d’un bâtiment logeant un supermarché local, et 20 appartements loués via l’Agence Immobilière Sociale de St-Gilles, où des panneaux photovoltaïques ont déjà été installés et qui possède une capacité de production nettement supérieure à sa consommation actuelle. Tenant en compte ces deux sources majeures de production (qui se trouvent à proximité), ainsi que d’autres potentielles productions aux alentours, des premiers calculs et modélisations sont en train d'être effectuées pour définir quelles possibilités de partage seraient possibles et quels sont leurs avantages et désavantages.

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