Pourquoi s’attaquer à la question de l'énergie dans nos logements ?
SunSud et Pilone ont montré que produire et partager localement de l'énergie verte ne peut prendre tout son sens que si cette énergie ne s'échappe pas ensuite par les fenêtres et les portes.
Pourquoi nous attaquons-nous à la question de l'énergie dans nos logements ? En quoi croyons-nous ? Pourquoi cette approche ?
Parce que le bâti bruxellois et sa chauffe constituent un des premiers postes d'émission de gaz à effet de serre de la Région bruxelloise. Il en va de même pour l'Union Européenne (40% de l’énergie consommée !)
Parce que les gens vivent dans des logements insalubres.
Décarboner notre système énergétique demande des changements infrastructurels en même temps que comportementaux. L’énergie est donc un domaine sociotechnique (infrastructures, pratiques, marchés, connaissances, culture, etc.), ce qui requiert la réactivation du rôle du citoyen et de la communauté. La transition énergétique repose donc sur la perception de sa légitimité par les habitants, ce qui fait de la participation citoyenne un maillon essentiel de cette transformation.
Parce qu’on manque d’infos sur quoi faire, dans quel ordre, et comment. Parce que la rénovation paraît lointaine, inabordable, chère et complexe.
Parce que l’approche uniquement technique ne fonctionne pas. Elle ne prend pas en compte la réalité des personnes précaires, elle est coûteuse et, par conséquent, elle ne change pas notre "culture énergétique".
Parce que la rénovation de masse dépend de forces de travail qui nous manquent, des devis trop souvent en retard, etc. Essayons d’approcher cette transition comme une transformation sociétale, comme le changement profond de l’assemblage sociotechnique autour de l’énergie.
Il existe un outil dont nous souhaitons explorer le potentiel : l’ARA (auto-rénovation accompagnée). Pour nous, elle est à la croisée des chemins de l’émancipation, du changement des pratiques, de la cohésion de groupe, etc. Elle peut avoir force d’exemple pour un changement politique. L’énergie est au cœur de nos vies quotidiennes, de notre façon d’habiter un foyer.
Mettre la main à la pâte dans son logement c’est se réapproprier son chez-soi mais aussi le droit à l’énergie. Gagner des compétences, réhabiliter son intérieur et l’entretenir. Se politiser. C’est une voie vers la justice énergétique.
Particulièrement dans des contextes ou la légitimité de l’État s’érode, la confiance envers l’extérieur manque, il faut une justice de reconnaissance : il faut mettre en lumière les initiatives et beaux projets qui y sont mis en place.
Que la communauté ait le contrôle sur ce qui se passe chez elle est essentiel pour réamorcer une relation avec le pouvoir en place. S’organiser en communauté pour porter des projets "énergie", c’est aussi repenser collectivement le système énergétique dans son ensemble. Les communs sont ancrés localement et fonctionnent parce que les gens sont amenés à les connaitre et à les gérer. Les communs créent de l'attachement et un sentiment d'accomplissement concret. Ils font émerger des subjectivités et des comportements nouveaux. Ils contribuent à recréer un climat de confiance et un sens de la communauté.