Débat La Pile @ BOZAR
12.05.2019 -
Que pouvons-nous faire pour éviter que notre électricité ne vienne inutilement de loin ? Nous pouvons par exemple commencer à produire notre propre électricité, ou l’utiliser de façon plus efficace et partager ce dont nous n’avons pas besoin. Mais par où commencer ? Quels sont les opportunités et les dangers d'un circuit électrique local ? Et où trouver l'énergie?
Telles sont les questions auxquelles doivent répondre les habitants du quartier Midi de Bruxelles, l'un des quartiers les plus densément peuplés et les plus urbanisés du pays.Ce sont des questions qui font hésiter même les plus courageux des habitants du quartier. Heureusement, ils ne partent pas de nulle part. Beaucoup de projets d'expérimentation sont en cours dans notre pays, développant ainsi un tas de connaissance, d’expérience, d'expertise et des politiques pour prendre l’électricité soi-même en main.
Quatre de ces experts, et décideurs politiques se sont réunis à Bozar le 12 mai. Leen Govaerts (Vito/Energyville), Dirk Vansintjan (Ecopower et Recoop) et Joël Solé (Bruxelles Environnement), sous la direction accommodante de John Vandaele (Mo et EnerGent), ont présenté leur vision du présent et du futur de l’énergie citoyenne dans un contexte urbain.
Un must pour tous ceux qui s’interrogent parfois d'un œil critique sur ce qui se passe juste derrière nos prises de courant !
Ces experts nous ont entre autres appris qu’une nouvelle directive européenne est sur le point de secouer le marché de l’électricité et qu’on se trouve à un tournant décisif dans l’organisation du système énergétique. Au niveau politique et juridique, les choses bougent… Selon l’Europe, alors que nous n'étions auparavant que des consommateurs, nous devenons aujourd'hui des acteurs. A nous de définir maintenant ce que ça veut dire…
A Bruxelles, on sait maintenant qu’un « bac à sable » régulatoire a été mis en place pour ouvrir la porte à l’innovation et tester de nouvelles configurations sur le marché de l’électricité. On pourrait maintenant tester plein de choses, chez soi et dans son quartier : produire de l’énergie, la stocker, la partager collectivement,… et ainsi faire communauté, autour de l’électricité.
Mais alors qu’on devient tous potentiellement ‘acteur’, les rôles traditionnels des fournisseurs, gestionnaires et régulateurs, sont basculés. Notre système au départ hautement centralisé fait place à plus d’expérimentation et de décentralisation où chacun des joueurs est amené à redéfinir sa place, à réinventer des nouvelles sources de financement, à créer de nouveaux partenariats, à repenser ses droits et ses obligations, ce qui pose un vrai défi, mais aussi des opportunités…
Un des grands casse-têtes sont les nouveaux modèles de gouvernance et d’organisation à inventer… Comment fonctionne un modèle de production décentralisé ? Qui décide dans ce nouveau modèle ? Qui va nous surveiller ? Que fait-on lorsqu’on ne possède pas son propre toit, mais qu’on veut quand même contribuer ? Que peut-on prévoir dans une copropriété?
Il y a aussi les modèles de financement… Comment financer ce nouveau système ? Comment répartir les investissements ? Comment s’organise-t-on dans un quartier plus démuni ? Comment créer des mécanismes de solidarité entre ceux qui peuvent produire et ceux qui ne peuvent pas ? Peut-on imaginer un avenir électrique où les coûts sont divisés d’une manière juste pour tout le monde ?
On l’aura compris, une montagne de questions nous attend et il faudra tester, observer, continuer à jouer avec les possibles, pour trouver des équilibres … Comme le cadre légal reste à définir, c’est à nous de commencer à schématiser des réponses aux questions qui émergent. On ne pourra pas y arriver tout seuls, mais on pourrait s’organiser entre acteurs : pouvoirs publics, entreprises, citoyens…
Une chose est sure : le temps est venu de reprendre en main la question de l’électricité du côté des citoyens. Inventer de nouvelles pratiques électriques dans nos quartiers crée l'occasion de produire un maximum de bénéfices, sociaux et économiques au niveau local.
Plusieurs idées se matérialisent déjà pendant le débat : isoler tous nos bâtiments pour réduire au maximum les besoins de chauffage et donc alléger nos factures d’électricité, changer nos habitudes de consommation, et pourquoi pas laisser de côté nos appareils et habitudes trop énergivores… ? Tout ça seront des questions à se poser collectivement, au niveau de nos propres rues et quartiers.
Il temps à présent d'amorcer les prochaines étapes, de se mettre à faire des plans réels, d'expérimenter nous-mêmes, puis de généraliser et de multiplier nos expériences afin que nous puissions effectuer un changement structurel.